LETTRE INVESTISSEUR

 

par | Mar 6, 2023 | Publications Cronos

Macroéconomie : 

Si durant le mois de janvier les investisseurs pariaient sur un scénario de désinflation sans récession, et donc un éventuel ralentissement dans la hausse des taux, le mois de février a été synonyme d’un retour d’inquiétudes sur les marchés. En effet, avec une inflation plus persistante que prévue, les investisseurs craignent une surchauffe de l’économie et des hausses additionnelles (et/ou plus importantes) de taux d’intérêts de la part des Banques Centrales.
Aux Etats-Unis, nous retrouvons des données économiques rassurantes :
– l’indice composite des directeurs d’achats (PMI, S&P) a dépassé le seuil de 50 points, c’est-à-dire qu’il se retrouve en zone d’expansion, et a atteint un plus haut en huit mois.
– En janvier, le taux de croissance des dépenses de consommation des ménages américains a atteint un record à la hausse depuis 2001, en s’établissant à 1,8%.
– Les ventes au détail ont rebondi plus qu’attendu en janvier au Etats-Unis avec une hausse de 3%.
En revanche, le PCE, l’indicateur d’inflation utilisé par la Fed, s’est établi à 5,4% (en glissement annuel) au mois de janvier, au-dessus des attentes (5%). Le ralentissement est donc moins significatif que prévu, ce qui alimente les risques d’«atterrissage brutal».
En Europe, le rythme d’expansion de l’activité économique est encore plus important avec un indice PMI qui s’établit à 52,3 points, propulsé notamment par le secteur des services. La confiance des consommateurs a poursuivi sa hausse en février pour le quatrième mois consécutif.
Néanmoins, et comme aux Etats-Unis, l’inflation montre des signes de résistance. L’inflation sur le mois de janvier, a été révisée à la hausse par rapport aux estimations initiales, pour s’établir à 8,6% avec un sous-jacent à 5,3%. L’inflation a effectivement baissé par rapport au mois de décembre (9,2%), mais le recul s’avère plus faible qu’attendu. En février, les chiffres pour certains pays montrent même une légère accélération : l’inflation française est à 6,2% sur un an, après un léger affaiblissement en décembre et janvier tandis qu’en Espagne, elle a très légèrement rebondi pour atteindre 6,1% sur un an, poussée par la hausse des tarifs de l’électricité. Les analystes s’attendent désormais à ce que la BCE maintienne sa position «hawkish» durant les prochains mois. Un scénario de récession semble renforcé dans ces conditions.
D’ailleurs, certains pays européens sont déjà considérés comme tel : le PIB de la Finlande, par exemple, s’est contracté de 0,1% puis de 0,6% au trimestre précédent.
Dans ce contexte, les marchés anticipent désormais des taux terminaux des Banques Centrales plus élevés. Aux Etats-Unis, la majorité des analystes estime que le taux terminal devrait se situer dans la fourchette 5.25-5.5%, soit 25 points de base supplémentaire en comparaison aux estimations de janvier.
Pour la BCE, les anticipations sur le niveau final des taux ont augmenté de plus de 40 points de base en février. Cela signifie qu’une hausse de 150 points de base est estimée pour l’année 2023. Christine Lagarde a déclaré que le taux directeur serait relevé d’un demi-point lors de la prochaine séance..