Think Tank Cronos finance 2017. Les actifs bénéficient aussi de flux provenant des retraités.
Plaidoyer pour leur prise en compte.

Christian Affolter

Le transfert des actifs vers les retraités est l’un des éléments importants de la discussion sur la réforme Prévoyance vieillesse 2020. L’idée que des taux de conversion trop élevés conduisent forcément à une lacune de financement des rentes des retraités, devant être comblée par les assurés actifs, ne rend pourtant pas suffisamment compte du phénomène. Les extrapolations souvent non dénuées de polémique de ce seul aspect risquent même de le surestimer. Car elles n’intègrent pas le fait que les flux de solidarité et de transferts peuvent être bidirectionnels.

C’est ce que met en évidence l’étude menée par Anca Jijiie d’HEC Lausanne et présentée à l’occasion de l’édition 2017 du Think Tank de Cronos Finance mercredi à Lausanne. Son principal postulat est justement de tenir compte également des redistributions vers les actifs. Le bilan global des transferts au sein de la caisse de pensions Hotela analysée entre 2009 et 2016 est certes favorable aux rentiers pour chacune de ces années. Mais comme le montrent 2010 et 2011, une indexation absente ou insuffisante des rentes en cas d’inflation correspond à un transfert non négligeable en faveur des actifs. Quant à 2015, l’inflation fortement négative a provoqué une hausse de valeur des cotisations des assurés actifs, plus précisément une hausse de la différence positive entre bonifications vieillesse et cotisations d’épargne. De l’autre côté, les transferts vers les rentiers engendrés par des cotisations risques/frais inférieures aux coûts sont plus importants dans tous les cas, comparés aux transferts au niveau de l’épargne favorables aux actifs. Quant à l’effet de transfert généralement le plus important des rentiers vers les actifs, il s’agit d’un taux d’intérêt versé sur les comptes épargne des actifs supérieur au taux d’augmentation des salaires.